Je ne choisis, pour réaliser une œuvre, que les matériaux qui cadrent avec les rapports dont j'ai besoin, et ceux-ci tournent, presque toujours autour de la dualité. À partir d'un élément existant, je réalise non pas son double mais plutôt son complémentaire. Ces deux formes se répondent ou s'éloignent et développent ainsi des relations importantes qui s'ouvrent à la réflexion du visiteur. Quant à la couleur, c'est aussi pour moi un élément qui structure l’œuvre. La couleur, c'est la vie et je patine, j'oxyde, je brûle, je détériore, pour transformer le métal ou le bois en rouge, noir, bleu, vert, jaune...
Je ne fais pas de la sculpture pour faire apparaître une sculpture, c’est-à dire un corps vêtu ou dévêtu, un végétal, un animal, un objet. La sculpture pour moi c’est une réflexion, une recherche mais pas une recherche sur la sculpture mais plutôt une recherche sur les matériaux : bois, métaux divers et variés, avec des effets spéciaux dus au temps qui passe, aux acides et divers produits qui les attaquent et les transforment. C’est peut-être la découverte d’une alchimie, « chéo » en grec signifie « je verse ». Elle aurait trait à l’activité des ouvriers métallurgiques qui étaient les premiers alchimistes.
En recherchant encore sur le préfixe "al", il s’agit d’un rajout arabe. "Al"-chimie ou "transformation des métaux", "Al"-chimie ou "pseudoscience à caractère magique et métaphysique". L’alchimiste, pour moi, n’est pas un charlatan, il peut être un sculpteur, un plasticien. Je transforme les matériaux avec des produits chimiques, des acides divers, avec le feu, le temps, je les assemble et le résultat peut être une sculpture, une forme artistique qui s’impose au monde, à la vue des hommes.
Blaise